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    Nihilist Blues

    https://youtu.be/iwzfR7-33Wc

    Tu m’appelles en plein milieu de la nuit, depuis que l’on n’est plus ensemble j’ai pris la fâcheuse habitude d’éteindre mon téléphone pour faire semblant de dormir, je ne peux pas te répondre. Ça fait deux ans que notre petite histoire s’est achevée, mal. Je te mentirais en te disant que ton absence ne me mord plus. Nos échanges interminables, ta façon désinvolte de m’envoyer chier et de me faire croire que ça marchera. Je ne pouvais pas envoyer valser ça, me dire que ça n’avait aucune importance.

    Tu es réapparue. On se reparle depuis peu, je prends sur moi, je sais que cela ne durera pas. Je suis défoncé, je récupère ce qui traîne. Rien d’insurmontable, je ne vise pas les étoiles, je ne peux pas me perdre. Je me mens. Je te mens. Toi aussi.

    Tu vas mal, je le sens. Je n’arrive pas à trouver le sommeil. Je laisse tomber mon bras en dehors du lit pour attraper mon portable. Je l’allume, tu as laissé un message, ta minuscule voix tremblante me fait peur. Plus que jamais.

    Je ne réfléchis pas, c’est trop tard. Je dois te voir, t’entendre me dire que tu vas bien. Je roule trop vite, je n’existe plus, il n’y a que toi. Je monte tes escaliers, tu m’ouvres ta porte, tu souris petite carne. C’est grave, ça ne sera pas assez pour me rassurer.

    C’est con, je m’attache trop à mes promesses. Tu te tiens là, désinvolte, abîmée, au milieu de ton appartement. Ton rat gratte dans sa cage, moi aussi je me sens enfermé. Je ne veux pas t’abandonner. Je m’accroche. Ton journal intime est posé volontairement de manière accidentelle. Ça reflète ce qui nous a peut-être rapprochés, le chaos et ses hasards chaleureux. Je te lis, page après page, égoïstement je cherche mon nom, une trace, pour me dire que je n’appartiens pas à la case du grand rien et je comprends. Il y a cette déchirure en moi. Tu connais l’histoire de cette bouée de sauvetage crevée ? Voilà. J’étais un artifice parmi tant d’autres. Je n’avais pas d’espoirs, je ne rêvais pas d’impossible. J’ai eu ce que je cherchais. Merci. Je suis resté, je t’ai accompagné pour te voir repartir après une mauvaise nuit où les draps ont été piteusement souillés. Merci, c’était certainement ta façon de me dire adieu.

    Tu as insisté pour le faire dans les formes, j’étais déjà au fond du gouffre, difforme et médiocre. Est-ce que tu penses que j’avais envie que tu me vois ainsi ? J’avais compris la leçon, qu’est-ce que tu attendais de moi ?

    Ces salopes de promesses, tu les connaissais. Une lame de rasoir, l’amitié après l’amour ? Non.

    Adieu, mille fois adieu. Je ne t’oublierai pas.

    La terre m’a avalé, je ne savais pas qu’il y avait encore un étage en bas. Je ne savais pas que l’on m’y enverrait. Je te jure que je n’ai pas choisi, mon vieux corps m’a lâché, je n’ai rien compris. Un concours de mauvaises circonstances, la pire des blagues. Par moment j’avais envie de rire, au milieu des fous j’étais un roi. On m’a dit que je payais, qu’après tout j’étais chanceux, quelle blague. Enfermé, il fallait que je visualise le monde de dehors pour chasser mes crises, pour calmer le feu. Je devais visualiser mon dernier souvenir heureux. Il ne fallait pas penser à toi. Je suis désolé.

    La plage, un après-midi d’été, je suis allongé sur ma serviette. J’ai chaud, je me sens bien, demain existe, je n’ai pas peur. Je respire, j’ouvre les yeux, le décor est le même. Il faut tenir, survivre. Ça ne sera plus comme avant, est-ce que je dois mourir ? J’ai honte.

    Voilà ce qui me ronge encore. Est-ce que j’ai le droit d’avancer ? Il y a cette créature en moi qui bouffe mes émotions, qui joue avec. Je suis un animal, il n’y a que mes pulsions qui me guident.

    J’ai ce courrier électronique qui m’attend lorsque je reviens à la maison, à la raison. J’apprends que je vais être édité. J’ai quelques mois pour retourner vers un semblant de normalité. Le combat peut commencer. Seul.

    **

    My Favourite Game

    https://youtu.be/u9WgtlgGAgs

    Je ne sais plus si je t’ai aimé, si il n’y avait que du désir, si tu m’as trop donné, si j’ai tout pris. Je suis sur la route, en deuil, mais pas de toi. Je retiens le volcan sous mes paupières, je suis paumé entre la liberté et la nostalgie.

    Je n’ai pas compris à quel moment je t’avais menti, quelle promesse j’avais brisé. Tu m’en veux. Je comprends. C’était bien pourtant. Non ?

    Merci pour ce que tu m’as donné. Une fille comme toi, c’est un cadeau du ciel, le genre de contrat que l’on ne peut pas refuser. Tu avais tout et me voilà qui me barre dans le sens opposé à pisser sur le destin comme un gros crétin. Je me raconte des conneries, je me dis que je reviendrai peut-être. C’est faux. Tu mérites mieux que ça. Mieux qu’une histoire horizontale.

    Les gens ne me comprennent pas, ils ont certainement raison, je suis con de te quitter. L’honnêteté ça ne paye pas, j’aurais dû jouer, m’enfuir après chaque baise et te faire croire que j’étais charmant jusqu’au prochain coït.

    Disparition des radars, retour à la case départ. Tu continues de liker les photos de mes amis sur les réseaux sociaux, c’est ton seul fantôme que je vois. Que tu me détestes ou que je t’indiffère, quelle nuance ? Quelle importance ? Parfois je pense à toi, il n’y a pas d’amour, pas comme tu aurais aimé. Je suis un animal. Seul.

    ***

    C’est un peu de moi qui est mort quand le silence s’est installé. Les amplis prennent la poussière, j’ai peur de toucher aux cordes sensibles de mes guitares. On m’a foutu un miroir sous la gueule pour me faire comprendre que c’était terminé. Que je devais stopper la blague.

    Quand le dernier concert est arrivé je ne savais pas que je devais apprécier chaque décibel, chaque vibration, chaque regard complice. On m’a tout pris, ma dignité, ma mort sur scène, mon épiphanie. Un manque de plus sur la liste. Je m’use les dents entre deux tremblements.

    Tout ça pour ça ? Qu’est-ce que je laisserai de moi ? Quel gros con égocentrique. Je veux le feu, la peur, la vie.

    Putain, j’ai honte. Ça me bouffe, ça me baise par tous les trous. Je ne veux pas être vieux. Pas comme ça.

    J’étais terrifié par l’idée qu’un jour ça s’arrête, que mes amis partent et que la musique disparaisse. Après ma transformation en poupée vaudou, telle une passoire je tente de combler les trous. Je n’en ai plus rien à foutre des autres. J’ai la rage, c’est suffisant ? Je suis un animal. Seul.

    ****

    Mother

    https://youtu.be/hUmw2iYgFbs

    Cette décennie se termine comme elle a commencé, le monde rêve qu’il change mais il reste le même :  parfaitement imparfait. Il n’y aura bientôt plus de place pour moi dans ces nouvelles sociétés, ça me va, je n’en ai jamais voulu une, surtout dans l’avenir qui se profile, bien fade, aux nouvelles normalités imposées. Ce n’est pas pour moi. Quand j’étais gosse je rêvais de crever pendant l’apocalypse. J’ai ce sentiment en moi d’inaccompli, que ce soit avec cette note ou avec ma vie que j’ai foiré dans toutes les largeurs. Mais vous savez quoi ?

    Je suis un animal. Seul.

    Je vous ai déjà dit que j’étais étrange ?

    Ce n’est qu’un au-revoir…