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  • Jour 44

    Déréglé.

     

    Non, ça ne sera pas la note la plus facile à écrire. Je m'y prends tardivement, je viens à reculons. Je lance la musique, c'est étrange, je m'échappe un peu. Je me sens un peu moins lourd. On va se débarrasser de tout l'attirail kitsch, des adjectifs macabres, remonter un peu le temps. Si tu n'as pas envie de me suivre dans cette aventure je le comprendrai. Parfois, je préfère aussi les futilités, il y en a des tartines ici, ou ailleurs.

    Tu es resté (j'avais étrangement envie de mettre un "e" à la fin) ?

     

    Merci pour ton courage. Donc, pour la peine (la mienne, je te rassure, évitons les malentendus) on va ouvrir le dictionnaire des mots interdits à la lettre "e", comme enfermé. Oui, ce n'est pas cette lecture qui va te changer les idées, mais ça se saurait si cet endroit proposait un soupçon de divertissement. Je tiens également à dire (que de mises en garde) que ce qui va suivre n'est pas une flagellation dans les règles de l'art ou du lard, je ne vais pas fouetter mon gros cul avec des orties en public. Si tu ne me comprends pas, alors il n'y a plus aucun espoir.

     

    Non, je ne me pète pas mon plomb de vieux con aigri, c'est bon, on va arrêter avec les costumes et les apparences. Je n'ai pas demandé à être rangé dans cette case. On est rassuré pas les attitudes répétitives, par ce que l'on pense savoir des personnes qui nous sont proches, on créé une image et lorsqu'elle s'écorne alors tout fout le camp ma brave dame. Mais est-ce que c'est la faute de l'autre ? Peut-être pas. Je n'évoque pas les cas des sacs à merde qui méritent de terminer au fond d'un lac avec des bottes aux semelles de béton.

     

    Je dois retourner sur les rails, oui je m'égare. Mais si je peux vous accorder un truc c'est que je suis bel et bien "cinglé", non, pas comme vous aimeriez que je le sois, pas de manière définitive et fatale.

     

    Pourquoi "enfermé" ? On l'est tous un peu en ce moment, c'est peut-être une sensation étrange pour vous. Aux contestataires qui apposeront sur ce terme leur vision manichéenne, on peut avouer que oui il y a pire, il y aura toujours pire. Comme un idiot, je lance un débat dans mon monologue. Comment rebondir...

     

    ...d'accord. Alors, partons du principe, que l'on n'a pas pas choisi ? Que l'on n'a rien fait pour mériter d'être enfermé ? Cette forme d'injustice peut se traduire de quelle manière ? La révolte ? La rage ? L'abattement ? C'est un bouquet de ces émotions que vous allez tenir dans vos mains. Il ne faut pas le dévoiler, il vous appartient. N'attendez rien en face. C'est bien connu, on souffre plus que les autres mais on ne le dit pas, on le fait sentir. Ne nous planquons pas derrière nos empathies hypocrites, quels sont nos moments d'honnêtetés dans nos vies ? Lors de quels instants d'existence avons-nous cet éclair qui vient nous transpercer et nous faire voir dans les yeux d'une personne un bout de son âme et comprendre la valeur qu'elle a ? Il n'y a pas de concours dans la peine, pas de gagnant, que des perdants. Ça ne sert à rien de vouloir jouer à ce jeu.

     

    Je sais que je n'ai pas souvent été à la hauteur des rendez-vous que l'on m'a offert. Pourtant je sais la chance que j'ai eu de vous rencontrer, malgré vos silences définitifs, vos disparitions. Je n'oublie pas. Je ne vous oublie pas.

     

    Cette nuit, je suis seul et je ne ressens plus rien. J'ai attendu, j'ai voulu y croire. Je me suis forcé mais il n'y a plus en moi qu'un animal qui me gouverne par ses pulsions. Il n'est pas mauvais, je lui dois beaucoup. Si je suis encore ici, c'est en partie grâce à lui. On a tous nos secrets, cette part de "ténèbres", ces mots interdits qui nous enferment.

     

    Si j'enlève mon masque je sais que tu partiras, j'ai eu peur de le faire, mais aujourd'hui, vide d'envies comme je le suis, je ne crains plus de te voir fuir. J'ai assez de souvenirs pour survivre dans ma solitude, dans le froid et ma nuit. Trop longtemps je me suis dit que j'aurais dû en finir, avoir au moins ce courage dans mon océan de lâcheté, celui de réussir mon naufrage. Alors non, tu ne sais pas, tu ne me connais pas. Et si tu me juges ajoute un "i" à nous deux, à deux, adieux. Ma noirceur n'a consumé que moi, ton regard ne connait pas mon combat, ne fais pas semblant. Tu n'as fait que voler au-dessus de la boue de mon champ de bataille, laisse moi la crasse et la douleur, non, ne fais pas semblant. Loin du mal on est toujours blanc.

     

    Si en moi tu ne vois qu'une différence, une anormalité, alors pars, ne reviens jamais. Oublie moi.





    Exit in Darkness

    https://youtu.be/jb24oymji9Y

  • Jour 43

    L'impossible existence de la ligne d'arrivée.

    Quand la liberté est une rumeur. Qui pensait vivre ça ? Pas moi. C'est une ligne sur le sol qui va te permettre de t'évader ou non. D'un côté les pestiférés, de l'autre les gens propres ?

    Cette histoire ressemble à un marathon. Tu t'imagines au départ, sans savoir ce que tu fous là, on te pousse au cul pour avancer. Tu ne sais plus courir, tu ne peux pas, tu as oublié l'utilité de la cadence rythmée mais il faut jouer le jeu. On ne te dit pas combien de kilomètres tu dois parcourir, c'est une course unique qui décide d'elle même si tu vas pouvoir souffler ou pas. On te file à boire, à bouffer, pourquoi te plaindre ? Aller, bouge tes pieds, on ne reste pas immobile, enfin si, techniquement parlant, dans ton refuge désinfecté tu es immunisé. C'est l'une des règles autorisées. Rester enfermé, seul, ou avec des partenaires de microbes. Ne t'imagine pas aller à l'aventure dehors, tout est canalisé. Tu serais comme un rat de laboratoire dans des tuyaux en plastique. Toujours les mêmes décors, on tourne en rond.

    Un peu de poudre par terre pour faire croire qu'il y aura un gagnant qui franchira ces dernières mètres. On sait tous que le vent balaiera ce mensonge et qu'il faudra continuer. J'ai envie de m'échapper, de faire du hors-piste. C'est interdit. Comment refréner les seuls pulsions qui me guident ? On n'a pas tous l'esprit militaire du premier de la classe. Continuez à baisser la tête si vous voulez. Je n'ai plus envie d'avancer ainsi. J'emmerde cette épreuve autant qu'elle m'emmerde.

     

     

     

     

    The Loneliness of the Long Distance Runner

    https://youtu.be/vWIR9UJPcfM

     

     

     

  • Jour 42

    Quand c'est la faim qui creuse plus que la fin.

    Je ne sais pas si ce sont des bouées qui appartiennent au passé, des envies passagères vouées à disparaitre. Je passe des heures à regarder des vidéos de bouffe, sans commentaires, sans musiques. Je sais que je n'irai jamais dans ces endroits que l'on visite, un marchè de nuit en Thaïlande, un autre en Malaisie, comme si j'avais mal d'être ici. Je traine ma gourmandise nocturne par pur masochisme. Ce ne sont pas des promesses de ce que je ferai après, je ne suis pas un aventurier, croyez bien que ça me peine. J'ai juste envie de bouffer des trucs que je n'ai pas. C'est déjà bien d'avoir cette envie, non ? Je cherche encore les autres. Et ce sommeil bordel ? Quelle idée à la con d'essayer de faire la paix avec Morphée en cette période pseudo chaotique. Il faut tenir, de la sueur, de la douleur, oublier, avancer. Faire péter ces quatre murs.

    On en reparle demain. J'ai faim, putain.

     

     

     

     

    Four Walls

    https://youtu.be/T1IOW2rR0OY