Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 5

  • Jour 32

    Les vestiges de l'ombre.

    À l'arrière d'une Renault 20, assez éloigné de la vitre pour ne pas être brûlé, j'aperçois les rochers. Ici il y a peu de verdure mais tout un peuple habite ces terres arides. Le radiocassette ne réussit pas à couvrir le chant des grillons. Je caresse le velours des fauteuils puis j'attrape un morceau de pain chaud. Son odeur a eu raison de ma tentation. On longe la côte, le jaune s'abandonne au bleu salé. Le tableau des vacances se peint sous mes yeux enfantins. Je me laisse guider, c'est enivrant de ne pas avoir à choisir. Je sais quelle chance j'ai.

    Peau cramée et goût iodé. Je me roule sur le sable avant de me jeter à l'eau pour recommencer, les vagues sont immenses, assez pour glisser péniblement sur un mètre. Ce soir j'aurai mal, mais c'est trop loin pour m'en soucier. On ne pense pas aux écrans, qu'ils soient solaires, réels, virtuels. On ne possède que ce temps qui deviendra souvenir. Cette nuit avec mon frère, on ne voudra pas dormir, il n'y aura que des rires et cette chouette qui hante l'obscurité. L'épiderme en feu je tenterai de fermer les yeux avec l'envie de demain.

    Je ne sais pas encore que des années après je resterai accroché à ces moments face au nuage qui approche. Je ne veux pas qu'il me les vole. Puisse mon souffle tenir pour chasser l'indécent intrus que l'on nomme crépuscule.

     

     

    La Route de Salina.

    https://youtu.be/31x7xw6o6Zc

  • Jour 31

    La complainte du fossoyeur.

     

    J'ai beau creuser dans cette terre,

    salir ma peau et mon cerveau,

    au fond du trou il n'y a que l'enfer.

     

    Ma chanson est sans couplet ni refrain,

    le dégoût de l'effort ne rend pas fort,

    je fissure mon sol sans lendemain.

     

    La tige de bois au creux de la paume,

    la poussière vole et s'affole,

    l'heure est venue du dernier psaume.

     

    Le vide m'appelle sans pardon,

    je tomberai dans le déni sans envie,

    dans le sol est gravé mon nom.

     

     

     

    It Never End.

    https://youtu.be/E_Vez_aKIyI

  • Jour 30

    30 jours de nuit ou 30 nuits de jour.

    Cette introduction était prévisible, tellement, mais depuis le départ de ces errances je dois vous avouer que je ne m'imaginais pas arriver ici. Là. Oui, sous vos yeux écarquillés et puisque personne ne m'a demandé de me taire, je poursuis mon entreprise. Pas de vampires, pas de zombies, est-ce que l'on peut se faire rembourser cette apocalypse ? Honnêtement je la trouve assez moyenne. En dehors des cheveux qui poussent anarchiquement, du fait d'éviter de prendre du bide et de regarder en boucle mes films, parce que je perdure dans ma boule. Qu'est-ce qu'elle nous a apporté cette fin sociale ? Une souffrance lointaine, silencieuse puis fiévreuse, une peur invisible, honteuse, des mensonges. Est-ce que l'on est entrain de recevoir une leçon ? Oui, on est totalement impuissant. Dans un faux automne où l'on ne veut pas regarder les feuilles mortes qui jonchent un sol sec. Il faut se dire que l'on est chanceux, pour le moment. C'est le plus important.

    Je pense à Platon dans sa caverne, aux illusions que l'on reçoit de l'extérieur de nos grottes aux isolations bancales. Il paraît qu'il y aura un monde à reconstruire mais que les choses seront comme avant. C'est le printemps maudit, la saison funèbre et je ne veux pas de fausses promesses. Il n'y a pas de vaccin pour faire revenir la confiance.

     

     

    Dead Season.

    https://youtu.be/_g_mm6AkSsM