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  • Jour 49

    La morsure incandescente de tes rites.

     

    Le bûcher m'attend, tôt ou tard. C'est la suite logique de l'illogique. Quand on traine un sac plein de ténèbres la seule lumière que l'on peut apercevoir est celle d'une flamme fatale, dansante au bout d'un briquet. La fumeuse énervée doit allumer mon lit funéraire. Elle est excitée, remue dans tous les sens de l'indécence, sa porteuse salive de me voir cramer. J'en ai trop dit, je n'en ai pas assez dit. Une dernière volonté ? Celle de ne pas m'excuser. J'avance au milieu d'un couloir humain, des murs d'hommes et de femmes, ils crient ces affamés. Je baisse les yeux, je baise les dieux. Mon bourreau fait claquer ses talons aiguilles dans mon dos, je sens l'odeur de sa clope, elle m'ordonne d'aller m'allonger. Je m'exécute, littéralement. Ça pue l'essence. Je suis trop seul sur ce matelas humide. Je l'invite à me rejoindre, elle se désape devant son armée de voyeurs. L'envie de sourire vient tirailler ma bouche, je résiste. Je la regarde comme un poisson crevé materait son pêcheur. Planqué derrière mes yeux vitreux je ne voudrais pas qu'elle croit que je dévore son corps. Elle me rejoint, m'enjambe, je brûle de l'intérieur, elle plaque ses lèvres contre les miennes. Nos langues seront les premières à faire l'amour. Mon amante écrase sa cigarette sur l'oreiller puis vient coller ses seins sur mon torse. La belle faucheuse se déhanche sur sa piteuse proie. Je tiens à assumer un minimum de prestance mais la chaleur commence à m'emporter. Une fois de plus, une fois de trop. Je dois prendre le dessus, m'évader entre ses reins, l'inviter ailleurs. Mes doigts sont libres et déchirent sa peau comme l'on assassinerait le livre de la passion. Les pages volent au milieu du feu, ils attisent sa gourmandise. Je lui murmurai : que ferons nous lorsque nous serons cendres ? Elle me répondit : nous reviendrons, puis nous recommencerons, jusqu'à ce que ces fantômes aient disparu, j'ai la clé que tu cherchais.

    C'est ainsi que nous nous sommes consumés.

     

     

    You'll Miss Me When I'm Not Around

    https://youtu.be/_IHaCyX6-Xo

  • Jour 48

    Entre les actes inutiles et la lassitude il n'y a qu'un lac d'ennui.

    C'est étrange de se dire que finalement, la liberté ça sera de ne plus avoir à respecter ma promesse de venir ici pour étaler ma monotonie. De là à dire que j'en suis réduit à n'écrire pour ne rien dire il n'y a qu'un pas, que vous venez de franchir. Bravo, vous êtres notre grand.e gagnant.e de ce petit jeu débile. Le prix ? Aucun ! Merci et à la prochaine.

    Non, franchement, c'est comme si j'étais emmuré et que je cherchais une sortie, il y a ce côté rongeur en moi que je ne peux renier. C'est l'instinct. Je me suis fait à l'idée que cette connerie pouvait durer, j'ai oublié la ligne d'arrivée. Je fais le bilan régulièrement et c'est amer que je m'avoue que ce confinement n'a pas changé grand chose à ma vie des dernières années. Je suis en manque d'apocalypse, de laisser-aller dans les festivals et salons, de rencontres chaotiques, oui, le fracas de la vie me manque. Mais concrètement, ça fait quelques années que je suis fantomatique, parfois, pathétiquement, je traque un début de dialogue ici. C'est ridicule, reprenons le cours des choses. Dimanche soir, je me suis perdu dans ma cellule, je n'ai pas peur mais j'essaie de dessiner un horizon, de planter un décor, de visualiser un début de quelque chose d'excitant, donnez moi un peu de folie...je suis en manque...



     

     

    Square Rooms

    https://youtu.be/mGfMAZ4RXB8

  • Jour 47

    Les mots d'hier.

    Il entra dans le cirque, regarda ce qui s'y passait et se mit à vomir. Sous le chapiteau il y avait cette odeur nauséabonde, où était passée celles du pop-corn, de barbes à papa, des parfums féminins ? Où étaient les femmes ? Les hommes ? Il n'y avait que ces êtres, ces copies d'êtres, qui essayaient de ressembler aux anciens spectateurs. On se mit à lui demander de miauler, il ne savait que rugir. Pauvre bête, on ne choisit pas son public. On lui trouvait des airs du monde passé, celui que l'on tentait d'effacer. Il fut décrété qu'il était toxique, dangereux pour l'avenir. Perdu dans cette puanteur vinaigrée, il fixait ces choses uniformes, pathétiques. Comment pouvaient-elle lui expliquer ce qu'était la liberté ? Elles étaient assises dans des chaises aux couleurs neutres, dans leurs tenues neutres, leur langage neutre excluait toute différence. Comme c'est paradoxal.

    Il n'y a rien de plus effrayant que la neutralité. On ne ressemble plus à rien, le cul assis entre deux chaises, c'est le meilleur moyen de se casser la gueule.

    Il ne ferait pas de tour ce soir, pas pour ces hypocrites qui pensent s'affranchir des règles pour imposer les leurs, ces limaces aux têtes de pigeons se délectaient de son existence cruelle. La bienveillance ? Une foutaise !

    Il voulut retourner dans sa cage pour se dire que ce monde n'existait pas. Plutôt crever que d'assister à ça. Et dieu sait qu'il n'y a rien de pire qu'une cage. Et dieu sait qu'il n'y a rien de pire que de crever. Mais on avait creuser un trou pour lui, un jour il avait été sauvage, cette société castrait les instincts primaires. Céder à la haine, n'aurait fait que les satisfaire, inversement il le se coucherait pas. La différence ne peut être dressée. Il refusa de miauler, il refusa de rugir, il fut abattu puis enterré.

    Gardez ce monde futur pour vous. Quel fou pourrait en vouloir ?

     

     

     

    California's Bleeding

    https://youtu.be/_OnVhCULETE