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Outlaw

Poussière, il n'y a que de la poussière rouge sur ce sol sablonneux chaud comme de la pisse. La seule trace que je laisse est celle du passé, l'emprunte de mes semelles sur le chemin mal dessiné. Les formes ne sont pas régulières, j'ai trop tiré sur ma jambe droite, mon genou est en feu, le déséquilibre est total. Je ne dois pas me retourner, non, les noirs souvenirs risqueraient de me rattraper et de me dévorer.

Midi, l'heure à laquelle les ombres cannibales se manifestent, je ne dois pas traîner. D'ailleurs je n'ai jamais trainé, il suffisait que je m'installe quelques moments dans un confort social pour que les emmerdes pointent le bout de leur nez, ça a toujours été comme ça. Un mari jaloux, une dette trop importante à régler, une relation trop difficile à assumer, je continue? La vie est une comédie géante et il y a deux catégories, les baiseurs et les baisés, les deux visages de la tragédie. Je me suis retrouvé des deux côtés mais jamais je n'avais pensé que l'on pouvait être plus baisé que baisé. Je peux vous assurer que je n'ai aucune envie de m'arrêter de marcher, j'ai une force obscure qui me colle à l'arrière train, elle a décidé d'établir un nouveau degré dans l'échelle des mega baiseurs.

Le soleil a fait fondre mon identité, je suis pathétique, je n'existe plus. C'est ça quand on en a plus rien à foutre, j'entends encore ma première copine me balancer "t'en a jamais rien eu à foutre de tout, tu vas pas faire semblant maintenant de t'intéresser à nous, espèce de gros con égocentrique". Elle s'est cassée. Je l'ai jamais revu. Enfin si une fois ou deux en rêve, mais j'ai pas aimé. Elle avait pas totalement tort, les années se sont suivies avec le même refrain, je prends l'argent, je m'occupe de rien, la vie me berce. Je suis bien j'emmerde les autres. Je reste le cul assis à fixer vos calvaires. Je crois qu'aujourd'hui je suis puni.

J'ai la fâcheuse impression que mes pieds collent au sol, je n'avance pas assez vite. Je sens le souffle infernale du baiseur dans mon dos, ça va être mon tour, et putain j'ai peur, je le connais trop bien cet enfoiré.

J'aurais dû te prévenir que j'allais m'évader de nos vies, que j'allais partir sans un mot, je voulais juste que tu me retiennes que tu me dises que...

Je dois pas y penser, non, si les ténèbres me bouffent je serai vraiment plus rien, même plus un souvenir pour toi. Et moi j'ai juste ta tête en image et tes lèvres qui bougent et qui prononcent enfin... putain, je vais pas tomber maintenant, j'ai pas envie d'abandonner le combat. Je dois ouvrir les yeux, et même si la sueur me brûle les yeux, il faut que je fixe l'horizon pour renaître.

Misérable, voilà ce que je suis et resterai, incapable de savoir où je vais. Mon nez commence à cramer, mon cerveau à disjoncter, je voulais oublier cette sensation, ne plus jamais replonger, la terre pourpre est prête à être aspirée. L'oubli avec. C'est lui qui me suit.

Je n'ai pas envie. J'avance.

" Et du mouvement chaotique naitra l'illusion d'un ballet prophétique, l'amer passé, créature abjecte dévoreuse de conscience, s'écroulera sous le poids de la culpabilité. Libre je trouverai ton refuge à nouveau."

 ... l'aigle vole au soleil abandonnant son ombre....

-Pleine lune en décembre- L'instant décalé(kitch?) de cette note, une chanson de Zachary Richard reprise par une artiste (Jorane) que je ne connaissais pas y à 5 minutes, c'est ce qu'on appelle la magie de l'instant.

http://youtu.be/UYC-4iO3K0U

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