Et soudain le silence.
J'en ai marre de me désinfecter les mains à chaque fois que je dois toucher quelque chose. De bouffer seul, dans un coin. D'avoir peur d'être le mal. On fait illusion. Mais qu'est-ce qu'il reste à faire ?
Non, ça ne durera pas le temps d'un battement d'ailes de papillon, qu'on arrête de nous mentir. Si demain tu crèves, ils scelleront ton sarcophage et te cacheront comme un fruit honteux, corrompu. Seul.
Dix jours, sans avoir été au contact des autres et l'on pourra se dire que l'on est sauvés ? Quelle connerie.
Bien sûre que j'ai la haine, la rage, mais est-ce que mes glaires, ma bave, sont le foyer du plèbe fiévreux ? Ça n'a aucun sens, rien n'a aucun sens. Des millions de prophètes, de porteurs de vérités. Cette pute de faucheuse est à nos portes, elle renifle nos odeurs sous le bois qui nous sépare de sa funeste envie de nous baiser. Voilà, il faut lui cracher à la gueule, lui montrer les dents, ne pas se laisser faire.
Il est évident que cette planète méritait mieux que nous, hommes et femmes confondues, il n'y a plus de procès de sorcières, de sorciers, ce n'est plus l'heure. On ne se touchera plus, mais est-ce que l'on se touchait encore ? La grande récolteuse de vies ne fait pas la différence entre les enfoirés et les vertueux. Tu cherches encore ton dieu ? L'abandon à cette saveur, amère.
Je sors les poubelles, je les dépose sur le trottoir, je pense à ces pauvres bougres qui vont devoir venir les chercher. On a le cul posé sur nos plumards alors qu'ils ont juste le droit de venir prendre nos merdes. Celles et ceux qui font tourner le monde "du dehors", ils ont le droit de crever ? Oui, je mérite l'enfer. Il n'y a pas de morale à cette fable débile. Au loin j'entends un moteur, plus rien. Silence, on ne tourne pas. C'est presque le printemps, presque la vie, presque l'existence. J'ai les narines pleines de pollen, mon poison, ça me fait rire, je respire avant de m'étouffer. Je me désinfecte les mains, putain, encore une fois.
See You in Hell
https://youtu.be/PoyKwzmtW2k