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  • Jour 6

    Comme un poisson rouge dans son bocal.

    Comme si tout ce qui avait de l'importance hier devait encore nous impacter. Je mets mon réveil pour un concours en ligne, je tiens à me première place et en même temps j'en n'ai rien à foutre. Je me trompe d'heure. J'arrive après "la guerre". C'est drôle. Les gens s'embrouillent pour trois cacahuètes alors que le singe qui est au-dessus de nos têtes ne bouge pas, il reste dans son arbre, il voit l'eau monter, nous regarde nous noyer en se disant que l'évolution est une blague.

    Je ne vais pas verser dans la morale, je lui préfère la fable et ses métaphores. Dans ta nouvelle cellule tu penses au poisson rouge dans son bocal ? Hawking te dirait que tu vois le monde de manière déformée, comme la bestiole que tu tiens enfermée, elle perçoit notre univers au travers du verre, ou du plexiglas, de sa prison. Oui, je tiens à ce mot, prison. La réalité nous échappe, qu'on le veuille ou non. Notre problème est gigantesque, nous n'analysons les choses qu'avec des certitudes antédiluviennes. Ok, je pars loin. Mais tu vois où je veux en venir, nous ne sommes rien. Nous subissons avec arrogance, on continue à s'imaginer en haut de la montagne. Nous ne comprenons rien au filtre que l'on a sous les yeux. Redescendons de plusieurs étages pour nous dire que l'on a merdé dans toutes les largeurs, et les longueurs aussi. Nous sommes de biens piètres architectes.

    C'est hyper angoissant de ne percevoir des  l'extérieur qu'avec un téléviseur et les réseaux "sociaux", on se sera donné bonne conscience en passant quelques coups de téléphone, en ayant des pensées vagabondes pour des personnes qui à un moment ont traversé nos vies. Est-ce qu'elles vont bien ? Tu t'endors en te posant deux trois questions. Dans le meilleur des cas tu oublies, la gueule posée contre l'oreiller pendant que tu baises (ou que tu te fais baiser), dans le pire des cas ça te hante, ça te démange, tu veux prendre ta bagnole, sauver des vies, aimer avant de jouir. C'est interdit. Alors tu te fais mille promesses pour "quand ça redeviendra comme avant". Puis tu oublies comment le poisson rouge te regarde depuis son bocal.

    Lève les yeux et cherche les limites. Il n'y en a pas. N'en impose jamais aux autres.

     

    Limits

    https://youtu.be/HSpaZjR_ULE

  • Jour 5

    Là où le temps se perd.

    Arrive ce moment, idiot, pathétique, où tu ne sais plus quel jour tu es. Est-ce que la temporalité a une importance ? Est-ce que les tics, les tacs, et les toques valent que l'on s'éternise sur eux ? Il ne faut pas sortir du cadran, se comporter correctement. C'est-à-dire ? Pas de différence nuisible. C'est vrai qu'en ces heures sans aiguilles, sans fil, il ne faut surtout pas se faire remarquer !

    Je n'ai pas l'impression d'être enfermé, c'est ce qui me terrifie le plus, mon absence de sentiments par rapport à cette situation inédite, pour vous. J'ai toujours été un putain de virus (il fallait que je place cette phrase "badass").

    Qu'est-ce qui me sépare de ma dernière soirée au restaurant ? Ce repas d'avant "la fin du monde" ? Une poignée de jours et pourtant ça paraît si loin. Comme si ça appartenait à une autre vie. Une autre époque. Je sais que rien ne changera dans cet après que vous attendez tant.

    Ce n'est pas facile de se fatiguer dans ce moment élastique, mon sommeil joue aux abonnés absents, comme d'habitude. Pourtant je comble les vides, je fais du lien, je crée. Tu sais, ce besoin d'avancer même quand il n'y a plus que des murs. Je ne suis pas totalement misanthrope. Je cache mon jeu.

    Je terminerai cette note en ayant une grosse pensée pour toutes les personnes qui risquent leurs vies pour que l'on maintienne l'illusion qui s'appelle futur. Et que je puisse, hypocritement, écrire ces quelques lignes. Ils retiennent la cohorte de démons qui veulent nous dévorer.  Non, nous ne mourrons pas tous et toutes mais si seulement on pouvait être moins con.ne.s à la sortie du tunnel. Je ne doute pas qu'ils seront aussi vite oubliés qu'ils ont été piteusement célébrés, mais faisons en sorte de changer deux/trois choses et de faire payer la facture à ceux qui les ont abandonnés.

    Les pieds dans la merde, il n'y a plus de gloire, juste de l'épuisement au bout des actes mécaniques. Qu'est-ce qui fait que l'on tient en plein naufrage ? La terre est encore invisible, l'humanité aussi. Nous allons prends d'autres vagues et tempêtes. Qui restera à bord, qui nous guidera lorsque l'eau salée nous brûlera les yeux et qu'aveuglés nous chercherons nos maisons ?


    From The Edge Of The Deep Green Sea

    https://youtu.be/8V96VQsxdLc

  • Jour 4

    Qu'est-ce qu'il y a après la terre ? Le néant ? L'enfer ?

    Je creuse, je balance des coups de pioche, je veux suer, avoir le souffle court, savoir si je suis encore vivant. Je suis dehors, les insectes virevoltent sans confinement. Je les ai toujours vu. Et vous ? Depuis quand vous n'avez plus fait attention ? On est tous des locataires. Eux, nous. Il y a une espèce qui est moins nocive que l'autre.

    Une pleine brouette de poussière que je transporte et distribue, je transpire. Je vais bien. Je ne veux plus penser. Une voisine est sur le bord de sa fenêtre, un livre entre les mains, j'essaie de lui voler un regard, rien. On est condamnés à être déconnectés et à l'heure actuelle on est dépendants du virtuel, de nos connexions, fragiles et synthétiques. Le paradoxe du moment explose. Je ne cherche pas l'amour, ni l'amitié, ni la chaleur, stupidement j'imagine pouvoir rompre une solitude qui réconforte certainement le plus grand nombre. Je cherche un moment humain. Que ce mot est devenu moche. Il parait qu'après cette crise les choses changeront, que plus rien ne sera comme avant. Je n'y crois pas. Dès que le confort ultime reviendra alors on oubliera.

    Liberté chérie, je te célèbre chaque jour de ma piteuse existence, je continuerai à le faire jusqu'à la fin.

    Je respecte les consignes de sécurité, tel un lépreux. Je ne suis pas mieux. Les gestes barrières, les distances de sécurité. On en revient au même point. Ce qui nous éloigne. Comme si c'était une nouveauté. Elle serait salvatrice. Soit.

    La nuit je ne ferme mes volets que lorsque cette dernière veut me dire au revoir. Tous ces astres qui m'appellent vers cet ailleurs, cette évasion, ils sont si précieux à mes yeux. Tant de mondes, tant d'univers. Ce sombre océan m'apaise et m'effraie, mais c'est en lui que je plonge sans me soucier d'un réveil ensoleillé qui peut-être n'existe plus.

    Je suis dans le train, je reviens d'Allemagne, j'ai ma veste longue, mes mitaines noires, un bonnet dont mes cheveux longs s'échappent, mes boucles oubliés. 2006. J'ai fuit la France quand mes démons sont apparus, je pensais que ça me sauverait. L'éloignement, le temps d'écrire quelques morceaux. Je reviens avec une ballade aussi niaise que moi. Je suis cet amoureux maudit, épais comme un balais à chiotte. Je l'ai perdu, elle reviendra, ça sera beau, ça sera moche, ça me marquera. Comme la première morsure du serpent en ce mois d'octobre. Je voue une fascination depuis quelques années pour le groupe HIM (un quatuor qui sort un album qui s'appelle "Razorblade Romance" ne peut qu'aimanter mon âme), ma rupture fait exploser cette romance musicale sur fond de mélancolie sucrée. Je n'ai pas honte de cette période, au contraire, elle me manque souvent. Ville Valo, le frontman de feu His Infernal Majesty, vient de sortir des nouveaux morceaux, ils sont merveilleux. J'ai à nouveau 28 ans. Je ne changerai pas. Jamais.


    Est-ce que tu me trouveras dans l'espace, dans l'infini ? Est-ce qu'il y a encore un espoir ?

     

    Saturnine Saturnalia
    https://youtu.be/tsnITAFXhII