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Errance - Page 3

  • Jour 50

    Ø

    Il est trop tard pour avoir l'impression d'avoir emballé tous ces mots, qu'ils soient glorieux ou minables, avec tant de futilités. Comme si je camouflais le misérable sous une tonne de chantilly, est-ce que nous sommes allés à l'essentiel ? Ce n'est pas la question qu'il faudrait se poser chaque fois que l'on tombe dans un sommeil dont on ne connait pas la durée ? Quels seraient nos actes, guidés par cet instinct de vérité ?

    Ici, je ne fais que passer, je bave, je rage, j'enrage, mais à quels moments je me livre ? Qu'est-ce qui peut faire croire que j'ai envie de déballer mes tripes sur la table ? Un symbole vaut parfois plus que 10000 mots, 10000 lignes, 10000 pages (on en est loin, je vous rassure je n'ai aucune envie d'aller jusque là).

    Ça faisait des années que je n'avais pas passé autant de temps ici, à dépoussiérer le coton qui est enfermé dans mes boîtes. Depuis une autre vie. Parfois je vous tutoie, parfois je te vouvoie, il n'y a pas qu'un seul toi. Si je peux contempler mes échecs depuis le haut d'une échelle, il y a eu des chaos magiques. Je suis un mendiant dans des habits chics. C'est peut-être ça le drame, ne pas accepter de redescendre, continuer à planer en chérissant des moments qui ont disparu. Je reste là tel le gardien d'un musée où personne ne vient, stupidement je continue à avoir de la beauté dans ces œuvres que sont mes souvenirs. Je ne laisserai pas grand chose derrière moi, rien qu'un dessin, un rond barré pour dire que j'ai été et que je n'ai pas été. Nous sommes en mai et l'année est déjà terminée. Quand auront lieu nos retrouvailles ?

     

     

    To Whom It May Concern

    https://youtu.be/BV5Qxj71HIc

  • Jour 49

    La morsure incandescente de tes rites.

     

    Le bûcher m'attend, tôt ou tard. C'est la suite logique de l'illogique. Quand on traine un sac plein de ténèbres la seule lumière que l'on peut apercevoir est celle d'une flamme fatale, dansante au bout d'un briquet. La fumeuse énervée doit allumer mon lit funéraire. Elle est excitée, remue dans tous les sens de l'indécence, sa porteuse salive de me voir cramer. J'en ai trop dit, je n'en ai pas assez dit. Une dernière volonté ? Celle de ne pas m'excuser. J'avance au milieu d'un couloir humain, des murs d'hommes et de femmes, ils crient ces affamés. Je baisse les yeux, je baise les dieux. Mon bourreau fait claquer ses talons aiguilles dans mon dos, je sens l'odeur de sa clope, elle m'ordonne d'aller m'allonger. Je m'exécute, littéralement. Ça pue l'essence. Je suis trop seul sur ce matelas humide. Je l'invite à me rejoindre, elle se désape devant son armée de voyeurs. L'envie de sourire vient tirailler ma bouche, je résiste. Je la regarde comme un poisson crevé materait son pêcheur. Planqué derrière mes yeux vitreux je ne voudrais pas qu'elle croit que je dévore son corps. Elle me rejoint, m'enjambe, je brûle de l'intérieur, elle plaque ses lèvres contre les miennes. Nos langues seront les premières à faire l'amour. Mon amante écrase sa cigarette sur l'oreiller puis vient coller ses seins sur mon torse. La belle faucheuse se déhanche sur sa piteuse proie. Je tiens à assumer un minimum de prestance mais la chaleur commence à m'emporter. Une fois de plus, une fois de trop. Je dois prendre le dessus, m'évader entre ses reins, l'inviter ailleurs. Mes doigts sont libres et déchirent sa peau comme l'on assassinerait le livre de la passion. Les pages volent au milieu du feu, ils attisent sa gourmandise. Je lui murmurai : que ferons nous lorsque nous serons cendres ? Elle me répondit : nous reviendrons, puis nous recommencerons, jusqu'à ce que ces fantômes aient disparu, j'ai la clé que tu cherchais.

    C'est ainsi que nous nous sommes consumés.

     

     

    You'll Miss Me When I'm Not Around

    https://youtu.be/_IHaCyX6-Xo

  • Jour 48

    Entre les actes inutiles et la lassitude il n'y a qu'un lac d'ennui.

    C'est étrange de se dire que finalement, la liberté ça sera de ne plus avoir à respecter ma promesse de venir ici pour étaler ma monotonie. De là à dire que j'en suis réduit à n'écrire pour ne rien dire il n'y a qu'un pas, que vous venez de franchir. Bravo, vous êtres notre grand.e gagnant.e de ce petit jeu débile. Le prix ? Aucun ! Merci et à la prochaine.

    Non, franchement, c'est comme si j'étais emmuré et que je cherchais une sortie, il y a ce côté rongeur en moi que je ne peux renier. C'est l'instinct. Je me suis fait à l'idée que cette connerie pouvait durer, j'ai oublié la ligne d'arrivée. Je fais le bilan régulièrement et c'est amer que je m'avoue que ce confinement n'a pas changé grand chose à ma vie des dernières années. Je suis en manque d'apocalypse, de laisser-aller dans les festivals et salons, de rencontres chaotiques, oui, le fracas de la vie me manque. Mais concrètement, ça fait quelques années que je suis fantomatique, parfois, pathétiquement, je traque un début de dialogue ici. C'est ridicule, reprenons le cours des choses. Dimanche soir, je me suis perdu dans ma cellule, je n'ai pas peur mais j'essaie de dessiner un horizon, de planter un décor, de visualiser un début de quelque chose d'excitant, donnez moi un peu de folie...je suis en manque...



     

     

    Square Rooms

    https://youtu.be/mGfMAZ4RXB8