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Errance - Page 6

  • Jour 41

    Est-ce que la forêt a une fin ?

    La musique de Prokofiev débute lentement, quelques violons se rapprochent et bourdonnent entre les branches.

    J'hésite un instant avant d'entrer dans les bois, je suis encore sous la lumière du jour, une flute insupportable colporte ma fatalité à mille troncs de moi. C'est là que je dois me rendre, je le sais. J'appartiens à la nuit, je me mens en restant sur le sentier. Je suis aussi vivant que les feuilles mortes qui tapissent le sol. Adieu couleurs orangées, bonjour vert sombre, brun sombre, gris sombre, noir sombre, sombre sombre sombre. Mon esprit est sombre, tourmenté. La queue entre les jambes, l'esprit tourmenté, c'est un aveu de faiblesse de me réfugier loin de l'humanité. Elle m'a rejeté, et alors ? Oui, la témérité ça n'a jamais été ma qualité principale. Je baisse la gueule, je sais qu'au-dessus il n'y a que des branches nues. J'ai faim, encore, rien à me foutre sous la dent. Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? C'est juste moi ? Je serais le problème ? Ça dure depuis plus longtemps que longtemps. Je suis certainement trop vieux, trop dégueu. Je grogne un peu, puis je me résous à accepter. Dans les jeunes années, les échecs amenaient l'espoir d'un nouveau départ, mais là ? Je vois de moins en moins. J'entends de moins en moins. C'est nul d'appartenir au moins. Plus d'alpha, plus d'oméga, juste de la solitude. La mélodie se fait aussi pathétique que moi. Il n'y a plus de Nord, de Sud, d'Est ou d'Ouest. Je suis dans la gueule de la bête, une bête dans la gueule de la bête. N'est-ce pas risible ? Je vais chercher un lit de mousse pour m'endormir. Vous viendrez me réveiller quand le monde aura changé. Si je suis encore là, je reviendrai vers vous... à pas de loup !

     

     

    Pierre et le Loup

    https://youtu.be/Fmi5zHg4QSM

  • Jour 40

    L'art de l'invisibilité.

    Toujours prendre quelques minutes pour venir noircir un peu d'espace ici, dans cet ailleurs qui m'échappe et où je me sens profondément seul. C'est étrange de se dire que l'on n'a moins de temps qu'avant, alors qu'il n'est censé plus rien se passer. Comme quoi, les fantômes sont à la fête. Je fais partie de cette catégorie d'invisibles. Les énergies peuvent parfois me manquer mais je suis du genre à tenir mes promesses à vouloir ramper jusqu'à la ligne d'arrivée, même si il n'y a personne pour me regarder. Tu ne le savais pas ? Je pense que si. J'ai la peau, l'âme, mes émotions, qui impriment trop facilement les blessures, ça ne changera pas. Public ou pas.

    La vie devient plus supportable quand on arrête de l'idéaliser. Je suis une ombre.

     

     

     

    Exercises in Futility

    https://youtu.be/bINcxA29QEE

  • Jour 39

    Pas de repos pour les blaireaux.

    Même si chaque journée se ressemble affreusement, je ne vois pas le temps passer. C'est tellement horrible de sentir que son destin, tant est soit peu que l'on n'y croit, nous a préparé à être enfermé. Plus sournoisement, c'est le démon qui prend possession de ma raison qui me provoque le plus de tracas. Comme si je sentais la plante de la régression me caresser la colonne vertébrale, je sens ses feuilles trifouiller dans mon cerveau. On est programmé pour s'améliorer, faire ses preuves, en imposer. Je veux bien aller en marche arrière dans le train fantôme, ou sur tout autre manège, mais là je me sens comme un pan cake trop cramé sur le bord de la poêle. C'est un coup bon à terminer au fond de la poubelle.

    Je ne sais même pas pourquoi je raconte ça ici.

     

     

    Ghosts

    https://youtu.be/urugx_wSBy8