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Errance - Page 14

  • Jour 17

    C'est loin la mer ?

    J'étends mes lignes ici, jusqu'à ce qu'elles se perdent vers le fond. Dans les noirs songes de l'eau.
    Où sont passés nos excès ? Perdus à jamais ? Oh non, regarde moi, regarde toi, est-ce que l'on peut s'autoriser à partir autrement ? Avoir le choix ? Peut-être. C'est déjà beaucoup, c'est déjà bien. Tu vois, je ne suis plus si sombre. Tu as toujours douté de moi. Si je retrouve le sens de nos rues, si j'ai la bave aux lèvres, il n'y aura pas que de la rage. De l'envie, des hectolitres, à en vomir sur les trottoirs du désespoir. Il est trop tard ? Oh non, pas toi. Toujours à douter de moi. Alors je trinquerai seul.

    À nos improbables futurs.

     

     

    Regulator

    https://youtu.be/Y3SXZURI7QY

  • Jour 16

    La douceur des orties.

    Le printemps vient nous gratter le fond des narines, on lui trouve une allure suspecte, inquiétante. Que fera-t-on après ce long deuil des premiers jours dorés ? De ménage, un tri, le choix des vies, le droit des morts.

    Assise à côté de lui, tu le regardes. Tu rêves d'été. De ce petit restaurant où tu voulais aller. Il pense forcément la même chose, la symbiose est totale. Vivement que ce congé forcé se termine et que tout redevienne aussi prévisible qu'avant.

    Assis à côté d'elle, tu l'observes. Tu rêves d'hiver. De ces soirées éternelles où tu attendras la chaleur des caresses. Elle voudra certainement ta réciprocité affective, l'union sacré. Vivement que ce mensonge s'achève et que ce soit rassurant, comme avant.

    Assis seul à côté du miroir, tu te perds. Tu rêves d'automne. De ces jours qui deviennent nuit. Ton reflet épouse ton ennui. Il n'y avait rien avant. Qui peut te contredire ? Elle ? Lui ? Eux ? Tu as encore cette saveur dans la gueule, celle de l'abandon. Sur ta peau tu as gardé ces marques, celles de la douceur des orties.



     

    The Touch of Your Skin

    https://youtu.be/U_DCqMxwH4Q

  • Jour 15

    À ces mots d'hier qui ne trouveront jamais la voie du papier.

    À la beauté des taches d'encre. 

    Dans ce vaisseau je suis un fantôme, pourtant je ne suis pas le plus perdu. Des fractures dans ce monde il y en a tant. On ne réussira pas à recoller les morceaux, à empêcher la dérive des continents. Je ne sais pas si mon inaction fait de moi un lâche, je me rassure, je me mens. Si je dois aller dehors est-ce que je manquerai d'oxygène ? Quel égoïsme. J'ai la consistance d'un spectre. Mais qu'est-ce que je peux faire ? Je ne sais pas soigner les autres, je ne sais pas me soigner.

    Je n'ai pas de scaphandre et ils nous disent qu'il ne faut rien toucher. Il faudrait enlever nos habits dès que l'on revient de l’extérieur, on pue la mort dans nos existences paradoxales. Je n'apprendrai pas à aimer notre société. Pas pour ce qu'elle était, pas pour ce qu'elle est, pas pour ce qu'ils souhaitaient en faire. Quand je vois ces publicités où l'on nous vante nos progrès avec ces bagnoles électriques, ces familles qui font des overdoses de pâte à tartiner, ces gens qui bouffent, ces gens qui s'aiment pour de vrai dans la différence et dans l'indifférence, ces gens qui font semblant d'aller quelque part. Je vous emmerde.

    Nous sommes tous dans le même vaisseau. Je sais où il va.

     

     

    Nowhere

    https://youtu.be/5z5HJRC9F_0