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Errance - Page 16

  • Jour 11

    Là où les vents se perdent. Où quand l'inconnu s'invite à quelques mètres de toi.

    Je me dis que j'aurais pu, que j'aurais dû oser, plus. Mais c'est le moins qui m'aspire et m'inspire. Cette masse noir attachée à ma carcasse je l'ai maudit tu sais, et je l'ai aimé. Les jours passent et j'apprends. Il n'y a pas le vacarme des bombes ni le sifflement des balles, il est plus facile de mourir maintenant.  La liberté s'éloigne un peu plus, dehors c'est un autre monde. Une bulle dans la bulle, voilà où je suis. J'attends le "blop", que cette deuxième peau se déchire pour renaitre.

     

     

    Isolate

    https://youtu.be/1SbjK0EPSsM

  • Jour 10

    À nos habitudes nocives.

    Je garde le livre ouvert, je ne viens pas par envie. D'ailleurs, il n'y a pas grand monde qui doit passer par ici.
    Ce blog ressemble aux rues du monde, désertes. Je suis confiné depuis des années, je peux le dire ? L'écrire ? Arrêtons de mentir, quand on tient un journal, un carnet, qu'il soit pudique ou impudique, c'est pour partager. Sinon on regarde le miroir et on se parle, on se dit comme l'on se déteste. Hier, j'ai publié ma 300éme note. Je ne connaîtrai pas la paix mais j'ai la sagesse d'éviter de placer le mot jamais dans cette phrase. Je ne peux pas vivre que de métaphores. Mais ça fait trop longtemps que j'affiche cet air déplaisant. Les choses ne changeront pas après, c'est trop loin, c'est trop près. Deux cuillerées de solitude par jour, on fait tout pour oublier qu'il faut rêver la nuit.

    J'ai pris cette sale habitude, celle de douter, de toi, de tous, de tout.

    Je déteste perdre, je ne sais pas gagner.

    Je ne sais que disparaître.



    Forever Failure

    https://youtu.be/gVgIW_pBcdI

  • Jour 9

    Restez chez vous.

    Mon téléphone sonne, j'ai encore la gueule dans le cul, il est presque midi. Je me suis accordé du repos dans le repos. Je sais que c'est idiot. Une voix que je ne connais pas à l'autre bout du fil, il se trompe de nom puis se rattrape. Je m'en cogne, il a un je ne sais quoi de jovial dans sa voix, ce n'est certainement pas le genre de personne à écouter Joy Division à 3 heures du mat'. Il cherche quelqu'un pour venir filmer l'allocution d'un responsable local. Je ne sais pas quoi dire. Sa tonalité change tellement de la gravité de la situation. Comme si l'on me chantait "don't worry be happy" en même temps que l'on me sautait sur les burnes.

    Je n'ai pas le droit de ramener ma gueule en ces temps où les gens sortent pour travailler, pour s'assurer que les fondations tiennent et que l'on puisse continuer à vivre dans notre petit confort méprisant. Mais quelles sont les priorités ?

    Je ne cultive pas la peur ni la paranoïa, mais putain, ça va faire deux semaines que je me suis coupé du monde pour ne pas contaminer mes proches. Alors, tout ce que l'on nous raconte c'est de la merde ? Il n'y aura pas de dépistage systématique du virus à la sortie de cette "fin du monde"? C'est ce qui est au programme pourtant. Soit tu es immunisé, soit...

    Quelle blague mes amis, quelle blague mortelle.


    I Am The Virus

    https://youtu.be/A4wdbibV3IM