Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Errance - Page 38

  • the beauty of imperfection

    On a tous une bonne raison de prendre la fuite.

    Il y a quelques temps j'ai craqué un gateau chinois entre mes doigts,vous savez le genre de truc avec un petit mot à l'intérieur qui doit vous éclairer de toute sa sagesse. Il y était écrit:"Coeur pur et bonne humeur sont deux compagnons de route appréciés."

    Et je suis perdu,je ne sais pas ce qu'il reste de pur en ce monde...tout est corrompu,même l'air que l'on tente de respirer.

    Pour ce qui est de la bonne humeur,la comedia dell arte du quotidien,ça me semble évident. Ne jamais rien dire et afficher un sourire arrogant,rien de tel pour briller en société.

    Il fallait que je prenne la route avec ces compagnons: mon sourire et mon coeur pur. Jolie blague. J'ai donc pris la fuite en dessous de la voie lactée. Jusqu'à ne plus me rappeller...

    Et je me suis éveillé dans une chambre d'hotel vide,trop vide,froide,trop froide. Je n'avais personne à qui parler,c'était parfait car je n'avais plus rien à dire. Plus besoin de faire semblant dans la solitude,plus besoin de mentir,plus un être pour s'entourer de mensonges. Je pourrais réfléchir,longuement.

    J'ai laissé mon coeur pur sous une étoile et j'ai donné mon rire à la lune.

    Depuis ma chambre je vois les lumières de la ville,géante,je ne sais plus à quel étage je suis, un truc entre le 1 et le toit. Les phares des voitures laissent des traits de pinceaux sur les rues,ils effacent la nuit,d'ailleurs est ce qu'il y a une nuit ici? Ce qui entoure la ville n'est que brûme ou pollution,comme si l'humain crachait sa désillusion et qu'elle se mettait à dévorer ce monde. Je ne sais plus quel jour l'on est.

    Le lit derrière moi est parfaitement fait,ça me change,il est noir et blanc,je vais l'éclabousser de ma couleur et le détruire. Je ne sais pas quelle heure il est.

    Le rouge digital de la radio m'indique un repère temporel à suivre. Je m'en fout. Je suis en fuite de moi, de toi, de vous, de nous. Et quand on est comme moi,il n'y a plus d'heure, plus de jour,plus de temps. Plus rien. Et si je revenais sans mon coeur et mon rire, tu ferais quoi?

    Tu me tournerais le dos,dans la foule je redeviendrais une ombre. C'est ça quand l'on est différent?

    Je rêve d'un monde ou j'entendrais à la radio la voix de peter steele,et où Elvis serait président. Un monde sans accent.

    J'allume le radio réveil,position F.M,because it's Fucking Me ou i'm a Fuckin M...onster! Le grésillement laisse place à un morceau,mais j'en suis déjà lasse,je retourne au grésillement,puis au néant.

    J'ai fait les points cardinaux du lit,et si l'on avait inventé un sous marin pour aller dans le matelas alors je l'aurais pris pour essayer de trouver le sommeil. Rien à faire, je ne pense plus à rien ni a personne et pourtant je pense,je dois être étrange. Je ne veux plus rien et en un instant je veux tout. J'ai froid car je viens d'avoir trop chaud. Je ne comprends plus rien.

    Mais y a t-il quelquechose à comprendre?

    Je dois me lever,je dois rêver. Debout devant le miroir,il n'y a que l'imperfection de ma fuite,que moi.

    Le hall d'hotel saura m'offrir un piano, je m'y trainerai et enfin m'y abandonnerai. Peut être tu m'entendras et tu comprendras.

    Alors la fuite sera belle,si belle.

  • domino

    Si la lumière éclaire ta route,alors tu sauras où poser le domino:sur l'ombre qui est derrière toi.

    Chaque jour tu devras user d'une puissante adresse,croire,ne pas fléchir face à l'océan de noirceur qui est autour de toi. Tes poings devront graver le bois du domino,y laisser une trace, ta trace,lorsque tu te retourneras une dernière fois,tu comprendras.

    En attendant,pose et dépose,ne tremble pas. Un,deux,trois,quatre...tape,frappe,bats toi,n'abandonne pas.Ne compte pas les échardes plantées dans ton être,ne compte jamais combien de dominos tu as laissé pour signifier que tu as existé.

    Et si tu dois cracher alors crache,ton sang,ta haine,ta peine...Crache! Vomis l'eau du styx,l'enfer c'est parfois le souvenir.

    Et si tu dois hurler alors hurle l'absence dans le silence. Hurle de faim devant toi,tes yeux dévorent l'horizon.Ne dis plus rien.

    Et si tu dois poser un genou à terre,fais le,mais ne pose jamais le deuxième.Avance!

    Peu importe le chiffre que tu auras laissé sur le domino d'hier seul celui de demain compte.

    Tu croiseras des regards,mais ils ne t'anéantiront plus. Tu es feu.

    Tu croiseras ces regards,et ils te toucheront,mais pas un mot. Tu es glace.

    Les touches marquées de poings te suivent,tel un serpent.Tu finiras par l'apprivoiser et l'aimer. Tu es ce serpent.

    Serpente dans la vie,elle est belle,elle laisse une saveur d'éternité,tu sauras l'aimer.

    Un jour tu sentiras le vent sur ton visage,tu entendras les branches frémir,tu auras ce doux sourire,le premier domino deviendra le dernier et il te dominera dans sa chute.

    Chut.

    Tu dois poser ton premier domino.

     

  • brûlure en surface

    Les pieds trainent sur la terre telle une sentence aveugle,chaque mouvement est plus lourd que le précédent,est-ce la mécanique du destin? 

    Plonge tes mains dans le sol,tu dois aller chercher ta mort au plus profond de ta solitude,tes bras couverts de boue seront le prix de la vérité. 

    A cet instant,au sommet de la colline je serai le roi,je tiendrai dans ma paume le crâne de l'empereur silencieux,je serai ton menteur avec torts. Cruelle mentor. Couche ton corps,écoute les gémissements de la nuit,ils appellent tes lèvres.

    L'instant n'existe que pour être oublié.

    On ne sait jamais,on ne fait que frôler ce moment unique qu'on appelle l'abandon.

    Mes orteilles ont laissé une trainée de feu,ma couronne brûle au loin. Je ne vois plus rien. Tout est sans faim.

    Je tombe vers l'horizon tel le vagabond des rêves déchus.

    L'instant n'existe que pour être rappellé.

    Ce matin là,je m'éveillerai le coeur nu,la peau rouge,le visage plongé dans la rosée. Je cesserai de glisser pour voler.Je sentirai ta brûlure,morsure,goût de sulfure.

    L'instant est décousu,sans point de suture.

    En surface,point de brûlure,plonge dans les abîmes pour oublier...et pour te rappeller.

    Enterre moi,tue le roi.

    Réveille moi,as de coeur.